La centrale nucléaire de Chinon est située à 8 km au nord-ouest de Chinon sur le territoire de la commune d'Avoine (Indre-et-Loire) dans le Pays de Véron, sur la rive gauche de la Loire, à 4 km du confluent avec la Vienne (à Montsoreau), entre Saumur (25 km en aval) et Tours (50 km en amont).
Pays | ![]() |
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Région |
Centre-Val de Loire |
Département |
Indre-et-Loire |
Commune | |
Coordonnées |
47° 13′ 50″ N, 0° 10′ 13″ E |
Opérateur |
EDF |
Construction |
1957 |
Mise en service | |
Mise à l’arrêt définitif |
1973 (réacteur A1), 1985 (réacteur A2), 1990 (réacteur A3) |
Statut |
en service (réacteurs B1, B2, B3, B4) |
Direction |
Stéphane RIVAS |
Fournisseurs |
Framatome, General Electric France (Alstom jusqu'en 2014) |
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Type |
REP |
Réacteurs actifs |
4 × 905 MW |
Puissance nominale |
3 620 MW |
Production annuelle | |
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Facteur de charge |
73,1 % (en 2019) |
Production moyenne |
23,77 TWh (2015 à 2019) |
Production totale |
844 TWh (en 2021) |
Source froide |
Aéroréfrigérants, Loire |
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Site web |
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Environ 1 500 personnes travaillent dans cette centrale qui produit, en moyenne, 24 milliards de kilowattheures par an, soit, environ, 6 % de la production électrique nationale.
Dès juillet 1955, Électricité de France (EDF) commande un avant-projet de réacteur nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique, qui expérimente à Marcoule un nouveau réacteur de type Uranium naturel graphite gaz (UNGG) pour la fabrication du plutonium nécessaire à la bombe atomique française, et accessoirement la production de courant électrique[5].
En 1957 débute la construction d'EDF1, le premier réacteur électronucléaire à usage civil en France[6].
En 1959 et 1961 sont lancés les chantiers de 2 autres réacteurs EDF2 et EDF3 sur le même site.
Le 16 septembre 1962, le réacteur EDF1, protégé par une boule métallique de 55 mètres de diamètre, diverge devant une foule d'ingénieurs et de techniciens qui se pressent dans la salle de commandes. Puis le 14 juin 1963, EDF1 délivre ses premiers kilowattheures d'électricité d'origine nucléaire. Ce réacteur est arrêté définitivement le 16 avril 1973 après avoir produit un total de 2,5 TWh. Il est ensuite démantelé partiellement et transformé en musée appelé « La Boule »[6].
Les réacteurs EDF2 et EDF3 sont respectivement mis en service en 1965 et 1966[7], puis arrêtés en 1985 et 1990.
À la suite de la décision d'abandonner la filière des réacteurs nucléaires uranium naturel graphite gaz (UNGG), quatre nouveaux réacteurs de la filière américaine des réacteurs à eau pressurisée ont été construits à partir de 1977 sur le site d'Avoine, puis mis en service, en 1984 pour les deux premiers d'entre eux, puis en 1987 et 1988.
En janvier 2020, l'électricien EDF propose au gouvernement français d’étudier la mise à l’arrêt de deux réacteurs de la centrale de Chinon[8].
En février 2022, Emmanuel Macron indique une modification importante de la loi sur la transition énergétique, puisque plus aucun réacteur en état de produire ne sera fermé à l'avenir, sauf pour des raisons de sûreté[9].
Les réacteurs sont refroidis par l'eau de la Loire. Une des spécificités de la centrale de Chinon réside dans la taille modeste de ses tours de réfrigération (circuit tertiaire). La hauteur de celles-ci fut limitée à 28 m, tandis qu'elles atteignent 178 m à la centrale nucléaire de Civaux[10]. Cette contrainte architecturale fut dictée par des raisons esthétiques. En effet, la centrale de Chinon se trouve à proximité des châteaux de la Loire. Néanmoins, afin d'avoir un refroidissement efficace, des ventilateurs fonctionnent en permanence au sein des tours. Cela consomme en tout 1 % de l'électricité produite in situ.
Les caractéristiques détaillées de chaque réacteurs en service, tous de la filière des réacteurs à eau pressurisée, sont les suivantes :
Nom du réacteur | Modèle | Capacité [MW] | Exploitant | Constructeur | Début construction | Raccordement au réseau | Mise en service commerciale | 3e visite décennale | 4e visite décennale | ||
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Thermique (MWt) | brute (MWe) | Nette (MWe) | |||||||||
Chinon-B-1[1] | CP2 | 2785 | 954 | 905 | EDF | Framatome | 01 mars 1977 | 30 novembre 1982 | 01 février 1984 | 31 mai 2013 au 07 novembre 2013[11] | 04 février 2023 au 27 octobre 2023 |
Chinon-B-2[2] | CP2 | 2785 | 954 | 905 | EDF | Framatome | 01 mars 1977 | 29 novembre 1983 | 01 août 1984 | 19 mars 2016 au 19 octobre 2016 | 2026 |
Chinon-B-3[3] | CP2 | 2785 | 954 | 905 | EDF | Framatome | 01 octobre 1980 | 20 octobre 1986 | 04 mars 1987 | 24 août 2019 au 02 avril 2020 | 2029 |
Chinon-B-4[4] | CP2 | 2785 | 954 | 905 | EDF | Framatome | 01 février 1981 | 14 novembre 1987 | 01 avril 1988 | 30 mai 2020 au 01 janvier 2021 | 2030 |
Les 4 réacteurs de la centrale nucléaire de Chinon peuvent être alimentés par du combustible MOX depuis l'autorisation délivrée en 1998[12].
La centrale nucléaire de Chinon est située à proximité de la faille sud-armoricaine du Massif armoricain. En effet, le massif armoricain est traversé par une faille de 500 kilomètres de long tout au long de la Bretagne sud, de la Pointe du Raz jusqu'à Nantes, qui se poursuit en direction de Cholet et Poitiers[15].
En octobre 2002, l'Autorité de sûreté nucléaire publie un rapport selon lequel certaines fonctions de sauvegarde assurant le refroidissement des réacteurs pourraient ne plus être assurées en cas de séisme[16].
Le à 1h37 se produit un séisme de magnitude 4 dont l'épicentre se situe à près de 10 kilomètres de la centrale de Chinon. Il est ressenti jusqu'à Angers et Beaupréau[17],[18]. Toutefois, d’après les informations recueillies par l’IRSN auprès d’EDF, le séisme ne déclenche pas les accéléromètres du système de détection sismique de la centrale[19].
En décembre 2007, on enregistre une amplitude de 3,4 aux alentours de Pouzauges à 100 km au sud-ouest de Chinon. En juin 2009, un tremblement de 3,4 à 3,7 degrés sur l'échelle de Richter est ressenti de Cholet à Angers, à 70 km à l'ouest de Chinon[20].
De décembre 2003 à septembre 2004, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) organise trois inspections qui révèlent des lacunes organisationnelles dans la lutte contre l'incendie. La troisième inspection ne met pas en évidence de progrès significatif sur l'efficacité de la lutte contre un incendie. En particulier, l'équipe de deuxième intervention est parvenue en retard sur les lieux du sinistre simulé car la porte d'accès matériel du bâtiment des auxiliaires nucléaires ne s'est pas ouverte[21].
En mars 2005, l'ASN organise à nouveau une inspection du centre et constate que les équipes locales d'intervention doivent, à Chinon comme sur la plupart des autres centrales nucléaires, améliorer leurs pratiques compte tenu des enjeux liés au risque incendie[22].
L'hiver 1986-87 ayant été très froid, plusieurs matériels et systèmes importants pour la sûreté du réacteur Chinon-B3 ont gelé, en particulier au niveau de l'arrivée d'eau de la Loire[23].
Le , un bouchon de sable s'est formé à l'intérieur du circuit de refroidissement tertiaire de Chinon. Des travaux de dragage ont été menés dans le canal pour éliminer ce sable. Des unités de pompage ont été acheminées sur le site afin de sécuriser les travaux, pour prévenir les conséquences éventuelles liées à des mouvements importants de sable pendant les travaux. Cet événement a fait l'objet d'une déclaration à l'Autorité de sûreté, au niveau 1 de l'échelle INES.
À la suite d'une opération de maintenance réalisée le , de l'huile industrielle provenant d'un réservoir situé dans la partie non-nucléaire des installations de l'unité de production 3 a été rejetée dans la Loire[24],[25].
Le , 198 personnes sont évacuées de la centrale qui est investie dans le même temps par la gendarmerie, l'Armée et des spécialistes du GIGN à la suite d'une alerte à la bombe. Cependant, aucun explosif n'a été retrouvé dans l'enceinte de la centrale[26],[27].
Dans son bilan de l'année 2010, l'autorité de sûreté nucléaire dénonce une rigueur d'exploitation "insuffisante" à la centrale de Chinon[28].
Le 25 octobre 2013, un salarié de Mediaco, entreprise prestataire d’EDF, est mort accidentellement, happé par le système d'entraînement d'une grue de 700 tonnes à proximité de la tour aéroréfrigérante du réacteur no 3, celui-ci étant à l'arrêt pour maintenance[29].
En 2014, en raison de résultats insuffisants en matière de sûreté depuis 2010, l'Autorité de sûreté nucléaire maintient la centrale de Chinon sous surveillance renforcée[30].
Le 12 avril 2014, un rassemblement antinucléaire intitulé Fukuchinon a rassemblé près de 900 personnes selon la Nouvelle République du Centre-Ouest[31], 1 500 selon Ouest-France[32].
En mai 2019, une perte de confinement du réacteur 4, durant 7 heures, est classée au niveau 1 de l'échelle de l'Échelle internationale des événements nucléaires[33].
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