La centrale nucléaire de Flamanville est une centrale nucléaire située sur la commune de Flamanville (Manche). Elle comprend trois réacteurs :
Pays | ![]() |
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Région |
Normandie |
Département |
Manche |
Commune | |
Coordonnées |
49° 32′ 11″ N, 1° 52′ 54″ O |
Opérateur |
Électricité de France |
Construction |
1979 (tranches 1 et 2) 2007 à 2023 (tranche 3) |
Mise en service |
1985 (tranche 1) 1986 (tranche 2) 2023 (date prévue pour la tranche 3) |
Statut |
en fonction |
Direction |
David Le Hir |
Fournisseurs |
Framatome (ex-Areva), GEAST (Alstom jusqu'en 2014) |
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Type |
REP (tranche 1 et 2) EPR (tranche 3 en construction) |
Réacteurs actifs |
2 × 1 330 MW |
Puissance nominale |
2 660 MW |
Production annuelle | |
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Facteur de charge | |
Production moyenne |
13,89 TWh (2015 à 2019) |
Production totale |
535,12 TWh (jusqu'à 2019) |
Source froide |
Manche |
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Site web |
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La centrale se situe sur la côte ouest de la péninsule du Cotentin, au pied d'une falaise granitique haute de 70 m, à 25 km à l'ouest de Cherbourg et à 20 km au sud de l'usine de retraitement de la Hague.
Les réacteurs 1 et 2 de Flamanville sont des réacteurs à eau pressurisée (REP) du palier P4, de même que les réacteurs des centrales nucléaires de Paluel et Saint-Alban[4].
Les deux chaudières nucléaires ont été construites par Framatome. Les groupes turbo-alternateurs à vapeur ainsi que l'essentiel de leurs auxiliaires mécaniques et électriques ont été installés par Alstom[5].
Chacun des réacteurs nucléaires 1 et 2 de Flamanville peut fournir une puissance thermique maximale de 3 817 MW à l'alternateur, qui génère une puissance électrique de 1 382 MW, ce qui permet à l'unité de fournir 1 330 MW sur le réseau électrique. Le rendement global (MWe nets/MWth) est donc de 34,8 %.
Le réacteur 3 de Flamanville est de type réacteur pressurisé européen (EPR), réacteur de troisième génération qui représente une évolution majeure du REP. Quand il sera en service, ce sera le réacteur nucléaire le plus puissant de France, avec 1 650 MWe. Il est prévu pour fonctionner 60 ans au minimum[6]. La puissance électrique nette étant de 1 630 MWe et la puissance thermique étant de 4 300 MWth, le rendement net de ce réacteur est donc de 37,9 %[7].
Nom du réacteur | Capacité (MW) | Début construction | Démarrage 1re réaction en chaîne |
Raccordement au réseau | Mise en service commercial | 2e visite décennale | ||
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Therm. (MWth) | Brute (MWe) | Nette (MWe) | ||||||
Flamanville-1[1] | 3817 | 1382 | 1330 | décembre 1979 | 29 sept 1985[9] | décembre 1985 | décembre 1986 | 23 février - [10]. |
Flamanville-2[2] | 3817 | 1382 | 1330 | mai 1980 | 12 juin 1986[2] | juillet 1986 | mars 1987 | 26 juillet - [11] |
Flamanville-3[7] | 4300 | 1650 | 1630 | décembre 2007 | - | - | 2023 au plus tôt[12] | - |
La centrale nucléaire, également appelée « Centre nucléaire de production d’électricité » (CNPE) de Flamanville, est située sur la commune de Flamanville (Manche), près des Pieux, sur la côte ouest de la péninsule du Cotentin. Construite au pied d'une falaise granitique haute de 70 mètres, à 25 km au sud-ouest de Cherbourg, la centrale de Flamanville se trouve à l’emplacement de l'ancienne mine de fer de Flamanville, qui a fonctionné plus de 100 ans, de façon discontinue, de 1860 à 1962 et du Trou Baligan.
Flamanville figure parmi les lieux d’implantation du programme de développement nucléaire français des années 1970.
En 1975, une consultation publique est organisée à Flamanville et 63,7 % des Flamanvillais se prononcent en faveur de l’implantation de la centrale nucléaire.
À la suite de l’enquête publique menée en décembre 1977, la déclaration d'utilité publique paraît au Journal officiel de la République française le . Les premiers terrassements sont effectués en janvier 1978 sur le site de l'ancienne mine de fer.
Après six ans de travaux, les premières épreuves hydrauliques des réacteurs sont effectuées en octobre 1984 pour le réacteur no 1 et en septembre 1985 pour le réacteur no 2. L’unité de production no 1 est mise en service le , pour atteindre sa puissance nominale le . L’unité de production no 2 est mise en service le , pour atteindre sa puissance nominale le .
Le site s’étend sur 120 hectares dont la moitié a été gagnée sur le domaine maritime. Une digue de 950 mètres de long et une jetée de 300 mètres protègent les installations. La plateforme du site de Flamanville est située à 12,4 m de hauteur.
En 2004, EDF décide d’augmenter la capacité de la centrale de Flamanville et propose l’implantation d’un réacteur EPR[13]. Après les premiers travaux de préparation en 2006, la construction de l'EPR débute en décembre 2007 pour une mise en production annoncée à fin 2018[14]. Il constituera le premier exemplaire d'une nouvelle génération de réacteurs nucléaires.
La centrale participe à l'alimentation en électricité de la Basse-Normandie, de la Bretagne et des îles Anglo-Normandes. Le raccordement au réseau national de transport d’électricité de 400 kV s’effectue au poste de Menuel, près de Bricquebec-en-Cotentin, où l’électricité est redistribuée prioritairement vers le poste de Tollevast, de Tourbe (Caen), de Domloup (Rennes) et d'Oudon (Laval).
En 2005, elle produisait 18,9 térawatts-heures (TWh), en croissance de 4 % par rapport à 2004, correspondant à 4 % de la production française, record de production pour Flamanville. Le le CNPE de Flamanville a atteint une production nette cumulée de 100 milliards de kilowatts-heures. Pour atteindre ce résultat, le réacteur no 1 a fonctionné pendant 43 698 heures et le réacteur no 2 pendant 39 890 heures.
Les 200 milliards de kilowatts-heures produits par Flamanville ont été atteints en 2011.
Tous les 12 à 18 mois, les réacteurs sont arrêtés pour maintenance et rechargement partiel en combustible neuf. Les arrêts sont de trois types :
La centrale nucléaire de Flamanville a été conçue pour une durée d’exploitation d'au moins 40 ans. Pour atteindre ou dépasser cette durée de fonctionnement, une réévaluation et un réexamen de sûreté ont lieu lors des visites décennales, afin de prendre en compte l’évolution de la réglementation, les progrès technologiques et le retour d’expérience de l’ensemble des installations nucléaires dans le monde. Les modifications nécessaires sont effectuées pour respecter, a minima, le niveau de sûreté requis et obtenir de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’autorisation de redémarrer[15]. Les dernières visites décennales des deux réacteurs de Flamanville, ont eu lieu en 2018 et 2019[16],[17].
Flamanville 1[1] | Flamanville 2[2] | |||
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Année | Production (GWh) | Facteur de charge | Production (GWh) | Facteur de charge |
1987 | 7 151 | 63,3 % | 7 140 | 58,9 % |
1990 | 7 090 | 60,8 % | 7 820 | 67,1 % |
2000 | 8 035 | 68,8 % | 9 908 | 84,8 % |
2010 | 8 520 | 73,1 % | 7 594 | 65,2 % |
2015 | 8 409 | 72,2 % | 7 869 | 65,7 % |
2016 | 9 991 | 85,5 % | 9 880 | 84,6 % |
2017 | 6 352 | 54,5 % | 7 647 | 65,6 % |
2018 | 2 317 | 19,9 % | 10 351 | 88,8 % |
2019 | 6 402 | 55,0 % | 237 | 2,0 % |
NB : visites décennales en 2018 (Flamanville 1) et 2019 (Flamanville 2).
Suivant les recommandations de l'Autorité de sûreté nucléaire après l'accident nucléaire de Fukushima, un Diesel d'ultime secours (DUS) est installé pour assurer en cas de panne le refroidissement des réacteurs. À trois reprises, le DUS prend feu, les et et le . Il s'agit d'une vulnérabilité du modèle choisi (acheté aux États-Unis), connue depuis 2008 et portée à la connaissance du public par le Réseau Sortir du nucléaire[18].
Fin 2012, 731 salariés EDF et 331 salariés prestataires travaillent en permanence à la centrale. En période d’arrêt pour maintenance, entre 500 et 1 500 personnes viennent de toute la France pour renforcer les équipes déjà sur place et intervenir sur les installations.
Par arrêté interministériel de 2004, EDF a l’obligation de surveiller l’environnement autour de ses installations.
Divers moyens de mesures sont répartis autour de la centrale de Flamanville. Des échantillons sont également prélevés par les techniciens Environnement et analysés par le laboratoire de mesures de la centrale. Depuis 2009, le laboratoire EDF de la centrale de Flamanville est accrédité par le Comité français d'accréditation (COFRAC), norme qualité ISO 17025, ce qui lui permet d’effectuer lui-même les mesures Bêta Aérosol (mesure de la radioactivité des poussières atmosphériques dans l’air ambiant à proximité de la centrale).
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) assure en permanence la surveillance réglementaire radiologique de l’environnement. Des organismes indépendants, comme l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), réalisent des contrôles hydrobiologiques du milieu marin, tandis que l’IRSN effectue des études radio-écologiques de la chaîne alimentaire en milieux terrestre et marin. Ces contrôles n’ont relevé aucune modification significative de l’écosystème depuis le début de l’exploitation de la centrale. Plus de 12 000 mesures et contrôles sont réalisés chaque année.[réf. nécessaire]
Depuis 2003, la centrale est certifiée ISO 14001, norme relative au management environnemental.
En 2012, les rejets émis par l’exploitation de la centrale sont toujours restés inférieurs aux limites autorisées et plus de 81 % des déchets radioactifs ont été recyclés ou valorisés.[réf. nécessaire]
Selon Reporterre, le site serait placé sous « surveillance renforcée » par l'ASN, depuis le [19].
Le : un incident — classé au niveau 1 sur l'échelle internationale des événements nucléaires — s'est produit à la centrale de Flamanville. Pendant près de six heures, une fuite radioactive est survenue sur le circuit primaire du réacteur no 1, alors à l'arrêt pour maintenance[20],[21]. L’eau qui s’est écoulée par la fuite (environ 22 m3) est restée en permanence confinée dans le bâtiment réacteur puis récupérée et traitée par les dispositifs habituels de traitement des effluents. Elle ne présentait pas de contamination significative. L’incident, déclaré à l’autorité de sûreté nucléaire, n’a eu aucune conséquence, ni sur les salariés, ni sur les populations, ni sur l’environnement.
Le , un dégagement de vapeur d'eau sur un transformateur de vapeur qui alimente la turbine de l'unité de production no 2, située dans la partie non nucléaire des installations, a causé un fort sifflement pendant environ un quart d'heure et un important panache de vapeur d'eau visible au-dessus du site. Les riverains ont entendu des bruits qu'ils ont jugés comparables à des passages d'avion à réaction, puis un sifflement qui a duré un quart d'heure[22]. Le lendemain des faits, EDF a identifié comme cause de ce dégagement de vapeur un défaut de la régulation automatique de la pression, qui a entraîné l'ouverture d'une soupape d'évacuation d'un surplus de vapeur vers l'atmosphère à l'extérieur de la salle des machines. Cet incident n’a eu aucune conséquence sur l’environnement.
Le , vers 9 h 45, une détonation et un départ de feu au niveau d'un ventilateur situé sous l'alternateur se sont produits dans la zone non nucléaire (salle des machines) du réacteur no 1, provoquant un incendie durant deux heures. Cet incident a fait cinq blessés légers à cause des fumées de l'incendie. EDF a entrepris la mise à l’arrêt du réacteur no 1 le jour même[23],[24] puis a prévu de remettre en service ce réacteur le 19 février, avant de finalement décider de le « déconnecter du réseau jusqu'au 31 mars » à cause d'un problème « sur le système d'évacuation d'énergie situé sous l’alternateur »[25].
En France, EDF, l’exploitant du parc nucléaire anticipe un éventuel renouvellement des centrales à l’horizon 2020, en remplacement des tranches REP qui arriveront en fin de vie. Afin de bénéficier d’un retour d’expérience de conception et d’exploitation pour la construction de réacteurs à partir de 2020, EDF a décidé (avec l'accord des autorités gouvernementales) de construire la (seconde) tête de série de l’EPR sur le site de la centrale de Flamanville (Manche) pour une mise en service initialement prévue en 2012[26], mais repoussée à plusieurs reprises, notamment en raison d'« anomalies de fabrications » sur une cuve comme annoncé par l'ASN en avril 2015[27]. En août 2019, elle est prévue pour la fin 2022[28]. La centrale nucléaire de Flamanville avait été conçue pour accueillir quatre tranches (deux sont en activité en 2007), il y a donc la possibilité de construire un nouveau réacteur avec des travaux de terrassement réduits. La localisation en bord de mer est plus favorable qu'en bord de cours d'eau du point de vue thermodynamique (source froide plus importante et minimisation de l’impact d’une canicule). Certains opposants à l’EPR, comme Greenpeace, affirmaient en 2014 qu’il existerait une surcapacité en France et que la construction de l’EPR de Flamanville ne serait donc pas nécessaire[29].
Un premier débat a lieu en 2002/2003 sous l’égide de Nicole Fontaine, alors ministre à l’industrie. EDF fournit un dossier de maître d’ouvrage en 2004 en vue d’un débat public. La loi d’orientation sur l’énergie du fournit le cadre législatif pour le projet EPR. Ce projet est soumis au débat public au niveau national[30] entre octobre 2005 et février 2006.
Le , des dizaines de milliers de manifestants[31] se rassemblent à l’appel du collectif Stop EPR à Cherbourg, près de Flamanville, pour s’opposer au projet. L’association Greenpeace France a lancé une campagne intitulée « EDF, demain j’arrête », qui vise à s’opposer au projet EPR en faisant pression sur EDF[32].
L’enquête publique, préalable à l’avis du préfet, est menée du 15 juin au (la tenue en période estivale de l’enquête publique est mise en cause par les opposants au projet).
Le samedi , des manifestations réunissent dans cinq villes de France entre 20 000 personnes selon la police et 62 000 personnes selon les organisateurs du collectif Stop EPR.
Le , après avis du préfet et de l’ASN, EDF est autorisé, par décret, à créer l'installation nucléaire de base pour le réacteur EPR Flamanville 3[33]. Ce décret prévoit un délai de dix ans – soit jusqu'au – pour réaliser le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur[34]. Des associations et partis politiques protestent contre la publication de ce décret avant l’élection présidentielle française de 2007.
Début septembre 2015, alors que la mise en service du réacteur EPR de Flamanville est reportée en 2018, le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy s’apprête à demander une prolongation de l’arrêté de création du réacteur qui prévoyait un chargement en combustible avant le [35]. L'association anti-nucléaire « Observatoire du nucléaire » de Stéphane Lhomme déclare « ce subterfuge sera attaqué en justice », estimant que l’enquête publique et le débat national sont caducs et devraient être refaits[36].
Le , Areva NP signe le contrat de fourniture du réacteur EPR et entame le chantier. Le , Greenpeace mène une action de blocage du chantier, puis l'interrompt le lendemain sous la menace de sanctions financières[37].
Le démarrage du réacteur, initialement prévu en 2012[26], subit une série de report durant le chantier de construction.
Début 2020, le démarrage de l’EPR de Flammanville est prévu, au mieux, pour 2023[38].
L’EPR est une construction inédite en France, plusieurs étapes ont jalonné sa progression.
Le , un tir de mine projette des débris sur les installations de la tranche no 2. « Un accident heureusement sans conséquence »[39].
La construction de la partie nucléaire de l’unité de production Flamanville 3 débute en pratique le avec la coulée du premier béton de l’îlot nucléaire. 10 000 tonnes sont nécessaires afin de réaliser un cylindre de plus de 55 mètres de diamètre, sur 1,75 mètre de hauteur[40].
Deux rapports de l'ASN sont publiés les 6 novembre et , qui établissent que « des fissures » sont apparues « à la coulée d'un bloc de béton composant la plate-forme (le radier) de l'îlot nucléaire de l'EPR ». C’est pourquoi, en mai 2008 l'ASN ordonne la suspension des travaux de bétonnage pendant un mois. Cette décision — une première dans l'histoire des centrales nucléaires en France — contraint EDF à arrêter les travaux[41]. Une lettre d'injonction de Thomas Oudré, chef de division, exige qu'EDF mette au point des procédures de contrôle satisfaisantes avant toute reprise des travaux[42]. L'ASN autorise finalement, le , la reprise des activités de coulage du béton suspendues le 21 mai[43].
Le , les six tuyauteries du système de sauvegarde sont installées dans le bâtiment réacteur. Les tuyauteries RIS-EVU mesurent 80 cm de diamètre sur environ 16 mètres de long ; elles participent notamment au refroidissement du réacteur et de l’enceinte. La pose de ces « composants particulièrement sensibles pour la sûreté » a été effectuée par Bouygues et Areva. Sur cette opération, les inspecteurs de l’Autorité de sûreté nucléaire « ont conclu à l’existence de mesures adaptées, qui répondent aux exigences fixées par l’arrêté qualité »[44].
Le , le pôle nucléaire du groupe CTI creuse les sept piscines de la centrale, dont trois dans le bâtiment combustible et quatre dans le bâtiment réacteur. Au sujet de ces travaux, Jean-Mathieu Rambach, ingénieur en génie civil à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, précise que « les parois en béton de la piscine du réacteur seront recouvertes d’une peau métallique, qui constituera le cuvelage et donc assurera l’étanchéité »[45].
Le débute le montage du groupe turbo-alternateur sur le site. Une partie stratégique de la centrale, puisque c’est elle qui « assure la production d’électricité »[46] avec « sa ligne d'arbre de 70 mètres de long ».
Le , la salle de commande de l’EPR est installée au sein de la centrale. Après la création d’une réplique de la salle en novembre 2010, où les deux opérateurs et le chef d’exploitation ont été formés à la conduite informatisée des installations, le poste de pilotage et de contrôle du fonctionnement est construit à proximité du réacteur[47].
À la fin de l'année 2012, 93,5 % du génie civil et 41,2 % des montages électro-mécaniques sont achevés. L’année 2013 est marquée par plusieurs étapes cruciales de la construction de la centrale, en particulier pour les éléments électriques[48].
En mars 2013, la mise sous tension des transformateurs de soutirage est effectuée, permettant à l’EPR de bénéficier d’une alimentation électrique entièrement indépendante de celle de la centrale numéro 2 de Flamanville. Pour préparer ce raccordement, les équipes d’EDF et d’Ineo ont tiré, fin janvier, trois câbles de 600 mètres, sur la plateforme électrique. Début février, des essais d’aspersion ont été réalisés sous le contrôle d’EDF[49].
Au début du mois d’avril, les premières armoires de contrôle commande sont installées dans la partie nucléaire des installations. La pose et le raccordement de ces armoires sont confiés à l’entreprise Snef[réf. nécessaire]. Avec cette étape, le site entre dans sa configuration définitive d’alimentation électrique.
Le , l’installation du dôme du bâtiment réacteur est effectuée par la grue « Big Benny » de la société belge Sarens (en). À l'époque, cette grue (modèle SCG-120) fait partie des trois plus grandes au monde et mesure 200 mètres de hauteur. Elle soulève ainsi sur 44 mètres la structure pesant près de 300 tonnes avec une précision de pose de 5 millimètres[50],[51].
Fin , la cuve du réacteur nucléaire EPR, d’un poids de 425 tonnes pour 11 mètres de hauteur et 5,5 mètres de diamètre, est posée avec succès dans le puits de cuve situé au centre du bâtiment réacteur[52]. Le directeur du chantier, Antoine Ménager, annonce les premiers essais pour 2015[53].
EDF annonce, le , un nouveau report de la mise en service à 2017 : la durée de construction prévue atteint désormais dix ans. L'électricien attribue ce retard à des difficultés rencontrées par Areva pour livrer certains équipements, comme le couvercle et les structures internes de la cuve, ainsi qu’à la mise en place de la réglementation des équipements sous pression nucléaires (ESPN) pour laquelle Flamanville 3 est tête de série, en particulier sur un lot de montage réalisé par Areva et ses entreprises sous-traitantes[54].
Le , l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) annonce qu'Areva l'a informée d'une anomalie de la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et du fond de la cuve du réacteur de l’EPR de Flamanville[55],[56]. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, demande au fabricant de donner sans délai les suites qui s’imposent au rapport de l'ASN[57]. Dans un rapport technique publié le , l'ASN précise que « Les essais réalisés à ce stade mettent en lumière un défaut de maîtrise de la qualité des fabrications, ayant un impact sur les caractéristiques mécaniques des matériaux[58] ». Le président de l'ASN explique qu'« en dépit des difficultés matérielles à remplacer cette cuve, c'est une option réalisable, parce qu'elle n'a pas encore été irradiée, le réacteur n'étant pas en marche[59] ». Pour l'agence Wise-Paris : « Toute solution de réparation [...] conduirait presque certainement à devoir évacuer le corps de la cuve »[60]. Areva propose la mise en œuvre jusque fin 2016 d'un programme d’essais pour justifier le caractère suffisant des propriétés mécaniques du matériau de ces composants[56]. Selon l'organisation écologiste Greenpeace, cette anomalie pourrait condamner le réacteur EPR de Flamanville[61].
Le , EDF annonce que la construction de cet EPR devrait coûter 10,5 milliards d'euros, soit 7 milliards d'euros de plus que l'estimation initiale. La fin des travaux est fixée au 4e trimestre 2018[62].
En , le journal Les Échos révèle un système de possibles « falsifications » des dossiers de fabrication des composants nucléaires destinés aux centrales nucléaires[63].
Le , au vu du programme d'essais conduit par Areva, l’ASN autorise EDF à exploiter la cuve : « sur la base des analyses techniques réalisées, [...] les caractéristiques mécaniques du fond et du couvercle de la cuve sont suffisantes au regard des sollicitations auxquelles ces pièces sont soumises, y compris en cas d’accident »[64], mais il faudra changer le couvercle de la cuve d’ici la fin 2024[65]. Le rapport de l'ASN ne reprend pas les « falsifications » évoquées par le journal Les Échos. EDF prend acte de la position de l'ASN indiquant que la cuve du réacteur de Flamanville 3 est apte au service et de prévoir le remplacement du couvercle d'ici 2024. En parallèle, les équipes d'EDF sont mobilisées pour développer une méthode de suivi en service permettant de démontrer que le couvercle conserve ses qualités dans la durée et échangent régulièrement avec l'ASN sur ce sujet[66][réf. incomplète].
Le , l'Observatoire du nucléaire est débouté de sa demande d'expertise en référé par le tribunal de grande instance de Paris, qui juge que le danger imminent allégué par l'association n'est pas prouvé et qui condamne celle-ci à payer 3 000 euros de dommages et intérêts à Areva, à l'ASN et à EDF[67][réf. incomplète].
Le , EDF annonce avoir commencé la phase des essais d'ensemble du réacteur[68].
Le , EDF débute les essais à froid du réacteur ; il s'agit de tester la résistance et l'étanchéité de l'installation[69].
Le , EDF annonce avoir achevé les essais à froid avec succès et préparer la phase « essais à chaud » (essais réalisés dans des conditions de température et de pression similaires aux conditions d'exploitation)[70], ainsi que l'épreuve de l'enceinte du bâtiment réacteur[71].
Le , EDF annonce avoir terminé les essais à chaud avec succès[72].
En juillet 2018, un nouveau retard d'un an est annoncé du fait des « écarts de qualité » constatés sur 33 soudures du circuit secondaire principal. Le coût de construction prévisionnel est relevé de 400 millions d'euros, à 10,9 milliards d'euros. Le chargement du combustible est alors prévu au quatrième trimestre 2019, le raccordement au réseau électrique au premier trimestre 2020 et le fonctionnement à pleine puissance au deuxième semestre 2020[73],[74].
En juin 2019 l’ASN ordonne la réparation des huit soudures situées au milieu de la double enceinte de béton qui protège le bâtiment réacteur, donc très difficiles à atteindre. Selon l'ASN, la rupture de ces soudures « ne peut plus être considérée comme hautement improbable » ; cette décision repousse le démarrage de la centrale à la fin de l'année 2022 au plus tôt. Le président de l'ASN, Bernard Doroszczuk, a écarté l'idée d'une réglementation française qui serait trop tatillonne : le niveau d'exigence est « comparable » à celui « retenu et atteint » pour les autres réacteurs EPR de Taishan (Chine) et Olkiluoto (Finlande). « Nous ne sommes donc pas face à une exigence française qui serait d'un niveau supérieur au niveau d'exigence fixé, pour ces soudures, sur les EPR construits à l'étranger[75],[76]. »
En octobre 2019, le conseil d'administration d'EDF valide un scénario de réparation par des robots télécommandés. L'ASN doit valider ce projet d'ici à l'automne 2020. Dans le cas où ce scénario ne serait pas approuvé, EDF prépare une « solution de repli » qui contraindrait à démonter puis extraire les tuyauteries, sans avoir à toucher à l'enceinte de béton. Cela entraînerait un surcoût supplémentaire de 400 millions d'euros et un nouveau retard d'une année[77].
Dans son scénario 2017-2050, l'association négaWatt n'envisage pas le démarrage de Flamanville III, qui selon elle « présente de graves problèmes de sûreté et dont le coût ne cesse d’augmenter »[78].
En juin 2021, EDF propose à l'ASN de renforcer les raccordements défectueux identifiés sur le circuit de refroidissement de l'EPR de Flamanville, en plaçant un cerclage métallique autour de ces raccordements dans le circuit primaire du réacteur. Ce « collier » viendra se positionner sur les trois soudures non conformes. C'est la seule solution qui permettrait à EDF de tenir le calendrier qu'il s'est fixé et de démarrer son EPR fin 2022. Selon le directeur général adjoint de l'ASN, Julien Collet, « l'ASN n'a pas d'objection de principe à cette stratégie de traitement qui présente des intérêts en matière de sûreté en évitant des interventions complexes sur le réacteur », mais c'est un procédé sans précédent qui nécessite des investigations complémentaires avant validation. L'ASN demande aussi à EDF d'effectuer sur son réacteur avant sa mise en service des modifications issues du retour d'expérience des premières années de fonctionnement des EPR en Chine et de l'achèvement de la fabrication de l'EPR en Finlande[79].
Le , l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) autorise l'arrivée de combustible nucléaire sur le site du réacteur EPR de Flamanville[80]. Au 30 juillet 2021, tout le combustible est livré et entreposé dans la piscine de stockage de combustible nucléaire, son chargement dans le réacteur est prévu pour la fin 2022[81].
Le , plusieurs ONG qui s’opposent à la mise en service de ce réacteur sont déboutées par le Conseil d’État « aux motifs qu'aucun des moyens soulevés, en l'état de l'instruction, n'est propre à créer un doute sérieux sur la légalité de l'autorisation délivrée par l'Autorité de sûreté nucléaire »[82].
Le , la ministre de la Transition écologique autorise EDF à exploiter l'EPR de Flamanville[83].
Les autorisations délivrées par l'ASN pour charger le combustible nucléaire et mettre le réacteur en service sont prévues pour fin 2022[84],[85].
En novembre 2021, EDF annonce que le premier mégawatt sera produit en 2023[86].
En janvier 2022, EDF annonce que le chargement du combustible est décalé de fin 2022 au second trimestre 2023 et que l'entrée en service n'est pas prévue avant fin 2023[87]. Ce nouveau décalage est principalement lié aux activités de reprise des soudures sur le circuit secondaire du réacteur, qui devraient être terminées en au lieu d'avril. Au total, 110 soudures sont à refaire ; 70 d'entre elles sont en cours, dont 12 sont déjà terminées avec la qualité requise[88].
Le réacteur est dimensionné avec une puissance thermique de 4 300 MWth, pour une puissance électrique délivrée sur le réseau de 1 630 MWe[7].
En mai 2005, Enel et EDF signent une lettre d’intention pour qu’Enel participe à hauteur de 12,5 % au projet « Flamanville 3 ». L’administrateur délégué de Enel, Fulvio Conti, déclare alors que, par sa participation à l’EPR, l'électricien retrouvera les capacités nucléaires perdues après le référendum de 1987 en Italie[89].
Son coût, initialement estimé à 3,4 milliards d’euros, est successivement réévalué par EDF à 4 milliards en décembre 2008, puis à 5 milliards d'euros en juillet 2010[90], puis à 6 milliards d'euros en juillet 2011, à 8,5 milliards d'euros en décembre 2012[91],[92], à 10,5 milliards d'euros en septembre 2015[93], à 10,9 milliards d'euros en juillet 2018[94], à 11 milliards d'euros en [95], à 12,4 milliards d'euros en [77]. En la Cour des comptes évalue le coût à 19,1 milliards d'euros[12].
Le , 25 millions d’Italiens (94 % des votants) rejettent la relance du nucléaire, voulue par Silvio Berlusconi. Ce vote souverain, qui marque un adieu, sans doute définitif, à l’atome dans la Péninsule, contribue également au retrait d'Enel du projet EPR[96].
En décembre 2012, à la suite de la première de ces annonces, Enel annonce son retrait du projet[97].
La facture de l'EPR finlandais, construit à la centrale nucléaire d'Olkiluoto, de même puissance, et qui en est à une phase plus avancée des travaux, s’élevait initialement à 3 milliards d'euros[98], puis a été réévaluée en 2011 à 6,6 milliards d'euros[99],[100]. En décembre 2012, le PDG d’Areva, Luc Oursel affirme que la facture d’Olkiluoto 3 devrait être du même ordre que celle de l’EPR de Flamanville[101]. À titre de comparaison, le coût de construction par kilowatt-heure de l'EPR de Flamanville serait le double de celui des réacteurs construits en Chine, mais inférieur de 20 % à celui du réacteur AP1000 en construction aux États-Unis[102].
Le coût du mégawatt-heure produit (entre 100 et 120 €) serait le double de celui des dernières installation solaires[103]. Cependant, le prix du solaire ne prend pas en compte le surcoût lié au stockage et déstockage, qui peut représenter à lui seul entre 40 et 200 €/MWh d’énergie renouvelable produite[104]. Le coût du mégawatt-heure de l'EPR de Flamanville devrait également être largement supérieur au prix de vente retenu pour l'EPR d'Hinkley point : 104 €/MWh[105].
Le coût de construction des réacteurs à eau pressurisée précédemment mis en service en France est estimé à 2 milliards d’euros par réacteur[106].
Le , le ministère de l'Économie et des Finances publie le rapport commandé par EDF à Jean-Martin Folz (ancien PDG de PSA) sur le chantier de l'EPR de Flamanville[107]. Celui-ci détaille les dysfonctionnements qui ont pénalisé le projet depuis son lancement en 2006. Il ne critique pas la technologie de l'EPR elle-même : la mise en service des réacteurs de Taishan, en Chine, apporte « la preuve de la pertinence du concept et du design de l'EPR, qu'il faut certainement éviter de remettre substantiellement en cause ». EDF a « grossièrement sous-estimé » les défis d'une technologie nouvelle ; la taille et la complexité de l'EPR ont entraîné « un sensible surcroît de complexité pour l'ingénierie et la construction ». L'auteur constate une « confusion entre les rôles majeurs dans la gestion d'un projet, maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre » ; EDF « semble avoir ignoré certaines des bonnes pratiques en vigueur dans d'autres secteurs » : pas de gestion prévisionnelle des coûts, pas de maquette numérique du projet, pas de planning partagé avec les sous-traitants. La réglementation du nucléaire en France a évolué pendant le chantier. Le rapport est particulièrement critique sur la façon dont EDF a géré ses relations avec ses sous-traitants et fournisseurs, ainsi que sur les relations difficiles entre EDF et Areva. Enfin, il constate une « perte de compétences généralisée » de la filière nucléaire française, aucun réacteur n'ayant été construit depuis celui de Civaux 2, seize ans avant Flamanville[108]. Le ministère de l'économie et des finances espère que la filière se ressaisisse afin d'atteindre les meilleurs standards. L'ancien patron de PSA ajoute qu'il s'agit d'un échec pour EDF[109]. Le rapport étudie aussi le déroulement du chantier des deux EPR de Taishan en Chine : ces réacteurs ont été construits en 110 et 113 mois, soit un dépassement de cinq ans du délai initialement annoncé, pour un coût d’environ 95 milliards de yuans (12,2 milliards d'euros), soit 60 % de plus que le budget prévu ; ces chantiers démarrés quatre ans après celui d'Olkiluoto et deux ans après celui de Flamanville ont bénéficié du retour d'expérience de ces deux têtes de série. « La construction simultanée de deux tranches sur le même site a été un véritable atout » et, surtout, « la construction de centrales nucléaires se poursuit régulièrement en Chine depuis une vingtaine d’années, si bien que le réservoir de compétences disponibles, et en particulier de soudeurs qualifiés, a non seulement été maintenu au fil des années mais il a été en réalité continûment développé ».
En janvier 2022, EDF annonce une nouvelle révision en hausse du coût du projet, passant de 12,4 milliards € à 12,7 milliards €, précisant qu'il s'agit d'euros de 2015 et ne prenant pas en compte les intérêts intercalaires. En juillet 2020, la Cour des comptes estimait que le coût final complet devrait atteindre 19,1 milliards €[88].
Le , le journal France-Soir révèle que sur le chantier un salarié de Bouygues, sur trois, vient des « pays de l’Est » et se fait le relais du syndicat CGT qui dénonce leurs mauvaises conditions de travail, en particulier pour les horaires (10 à 15 heures par jour)[110]. Le code du travail prévoit, en son article R 8111-11, que les missions d'inspection du travail sont exercées par des ingénieurs et techniciens de l'ASN, sous l'autorité du ministre chargé du travail.
À la suite du rapport fourni par l’Autorité de sûreté nucléaire faisant état de situations salariales abusives, des centaines de travailleurs européens, parmi lesquels plusieurs dizaines « semblent » avoir été rapatriées d’urgence en Pologne[111]. D'autre part, une délégation du groupe socialiste et démocrate au Parlement européen, accompagnée par des représentants des syndicats européens, s'est rendue, le , sur le chantier de l’EPR à Flamanville pour évaluer les conditions de travail et de logement des ouvriers. La délégation est emmenée par la présidente de la commission emploi du Parlement européen, Pervenche Berès (France), l’eurodéputée de la circonscription, Estelle Grelier (France) et la députée membre de la commission emploi, Jutta Steinruck (Allemagne)[112].
Après la visite du chantier et une table ronde avec des représentants d’EDF, maître d’ouvrage et d’œuvre, et des syndicats sur le site, Pervenche Berès, tout en dénonçant « un exemple d’esclavage moderne[113] », prévoit d’« exiger, dans le cadre des marchés publics, des mesures pour clarifier les responsabilités sociales dans la chaîne des sous-traitants du maître d’ouvrage »[111].
Après le scandale Atlanco touchant l'emploi d'ouvriers polonais sans couverture sociale, EDF signe en 2012 avec la CGT, la CFDT, la CFE, la CFTC, et FO, un engagement en faveur du dialogue social pour une meilleure information des ouvriers et un renforcement des instances de concertation dont le Comité de suivi créé en 2008[114]. Cet accord est par la suite cité en exemple par les syndicats[115]
Les sociétés Bouygues TP, Atlanco (agence d’intérim chypriote), Elco (entreprise de construction roumaine) et Welbond comparaissent du 21 au en correctionnelle à Cherbourg, dans une affaire de travail dissimulé concernant 460 travailleurs polonais et roumains, 163 ouvriers de la société Atlanco et 297 de la société Elco[116]. L'entreprise Bouygues est condamnée une première fois en , puis en appel en 2017, la condamnant à payer une amende de 29 950 euros. Le montant ne doit rien au hasard car, comme le précise le président de la cour d’appel de Caen, une amende de 30 000 euros aurait interdit l’accès de l'entreprise aux marchés publics pendant plusieurs années. Le pourvoi en cassation est rejeté le [117].
À la fin de l’année 2013, on dénombrait 2 850 travailleurs sur le chantier, pour 57 % d’emploi local (Basse-Normandie) et 19 % de salariés d’origines étrangères[118]. Pour obtenir cette répartition, et faire appel au maximum à la main d’œuvre de proximité, les industriels ont notamment été aidés par la Chambre de commerce et d'industrie de Cherbourg-Cotentin. La chambre consulaire a en effet publié un guide à destination des entrepreneurs de la région dans le but d’obtenir une « meilleure anticipation et une bonne coordination des acteurs de notre territoire[119] ».
De plus, la Direction générale de la compétitivité, de l'innovation et des services (DGCIS) rappelle que dans le volet « condition de recours aux entreprises prestataires » des évaluations complémentaires de sûreté, « la filière a mis au point, avec les représentants des salariés, un cahier des charges social applicable aux prestations de services et de travaux réalisées sur une Installation Nucléaire de Base en France »[120]. Par ailleurs le site de Flamanville s’est vu attribuer le « label grand chantier » par le Premier ministre en 2008. Au total, un budget de 110 millions d’euros a pu être déployé notamment dans le cadre de l’engagement de développement des emplois et des compétences (EDEC) qui consacre la formation et la reconversion des salariés comme deux priorités. Concrètement cela s’est traduit par 540 000 heures de formation dispensées, dont 55 000 en 2013.
D’après le site du ministère des Armées, « la sécurité nucléaire comprend la sûreté nucléaire, la radioprotection, la prévention et la lutte contre les actes de malveillance, ainsi que les actions de sécurité civile en cas d'accident »[121].
Dans une vidéo en images de synthèse projetée par Areva en février 2014, on constate que les installations sont désormais prévues pour résister « aux catastrophes naturelles, humaines et industrielles les plus extrêmes »[122].
En 2018, l'ASN aurait, selon Le Canard enchaîné, « mis plus d'un an à s'alarmer officiellement des graves soucis de soudure rencontrés par EDF sur le chantier du réacteur de l'EPR de Flamanville », en dépit de sa connaissance du problème[123].
Selon le site du ministère du Développement durable, « la sûreté nucléaire est l’ensemble des dispositions techniques et des mesures d’organisation relatives à la conception, à la construction, au fonctionnement, à l’arrêt et au démantèlement des installations nucléaires de base, ainsi qu’au transport des substances radioactives, prises en vue de prévenir les accidents ou d’en limiter les effets »[124].
Comme l’explique l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, « l’EPR (European Pressurized Reactor) est un réacteur « évolutionnaire », il ne présente pas de grande rupture technologique par rapport aux installations en exploitation. [...] Néanmoins, ce réacteur de troisième génération offre des améliorations des systèmes de sûreté[125]. » Parmi les améliorations apportées sur ce plan, on peut citer les quatre voies pour les circuits d’eau, le récupérateur de corium permettant de refroidir le cœur fondu en cas d’accident de fusion du coeur, ou la réduction de la quantité de stellite afin d’améliorer la radioprotection des travailleurs.
Cependant, dans un rapport du , l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) relève « treize constats » d'infraction dans le chantier EPR, dont du matériel et des équipements de secours de mauvaise qualité[126]. Ces équipements sont les « filtres de la piscine de réserve d'alimentation en eau borée en cas de situation accidentelle, sur des limitateurs de débit du système d'alimentation des générateurs de vapeur et sur des accumulateurs du système d'injection de sécurité en cas de perte du système de refroidissement[127]. » La validation des matériels par l'ASN est légalement indispensable à la poursuite du chantier et au lancement de la centrale.
Pour autant, les rapports de l’Inspecteur Général pour la Sûreté Nucléaire et la Radioprotection (IGSNR) de 2012 et 2013, montrent que de nombreuses améliorations ont été apportées depuis lors. Ainsi, si Jean Tandonnet (IGSNR) explique que les pistes évoquées dans le rapport Letalon n’ont pas encore été totalement réalisées, la priorité accordée à la recherche sur le conditionnement chimique des équipements devrait permettre d’atteindre les meilleurs standards de sûreté internationaux[128].
Dans son dernier rapport en date de janvier 2014, l’IGSNR soulignait notamment le rôle clef qu’avait pu jouer le Pôle de conseil et compétence (PCC) pour adapter les emplois aux évolutions des équipements et des méthodes d’exploitation. Il mentionne également l’intérêt du projet COLIMO qui « vise à définir, dans la perspective du Grand carénage, de nouvelles pratiques de consignation et de lignage plus simples et plus efficaces » et « à recentrer la consignation sur les objectifs de sécurité, en faisant évoluer le référentiel et les outils[129]. »
Les normes de sûreté de l’EPR sont à l’origine du différentiel de coûts avec ces principaux concurrents de troisième génération. En effet, dès sa conception la volonté de prévenir contre les menaces extérieures avait prévalu. Entre autres, la coque de béton « constitue une protection très efficace contre les agressions externes, notamment en cas de chute d'avions militaires ou commerciaux »[130]. Toutefois, le directeur exécutif d’EDF, Hervé Machenaud, exposait devant l’Assemblée nationale[131] la possibilité d’optimiser la conception de l’EPR dont « la redondance de barrières de protection excessivement coûteuses sans rapport avec les faibles gains de sûreté obtenus » pouvait freiner ses exportations.
Des protections qui peuvent se révéler rassurantes, notamment lorsque les sites nucléaires font l’objet d’intrusion par des « militants pacifistes » comme ce fut récemment le cas avec les opérations de Greenpeace. Malgré la volonté du gouvernement d’empêcher ces manifestations à risques, l’avocat Jean-Pierre Mignard rappelle que l’octroi du statut militaire pour les 58 réacteurs n’est pas à l’ordre du jour ; car comme le précise le directeur de la production nucléaire d’EDF, Philippe Sasseigne, il faut parvenir à « un durcissement de la loi qui ne change pas les conditions de travail pour les salariés d'EDF et les sous-traitants »[132].
Ce réacteur est l'objet de tractations politiques importantes. Il devient l'un des symboles de l'énergie nucléaire française.
Lors de l'élection présidentielle française de 2007, le lancement du chantier fait l'objet d'un débat entre les candidats Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy[réf. souhaitée].
En 2012, les deux principaux candidats à la présidentielle, François Hollande et Nicolas Sarkozy se déclarent favorables à la poursuite de sa construction ; en revanche, les candidats Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon y sont opposés[réf. nécessaire].
Flamanville fait partie des sites envisagés pour l'implantation d'un second réacteur EPR français. En décembre 2020, le site de Penly est choisi par EDF, mais la décision du gouvernement français est attendue pour 2023[133].
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