Le site de Sellafield est le principal complexe de la filière électronucléaire britannique. Initialement nommé Windscale, il a été rebaptisé Sellafield à la suite d'un grave accident dans l'un de ses réacteurs nucléaires en 1957. Situé sur la côte de la mer d'Irlande dans le comté de Cumbria au Nord-Ouest de l'Angleterre, il comprend aujourd'hui[Quand ?] 400 bâtiments répartis sur 10 km2 et emploie environ 10 000 personnes.
Cet article est une ébauche concernant le nucléaire.
Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.
Consultez la liste des tâches à accomplir en page de discussion.
Localisation |
Cumbria, Angleterre ![]() |
---|---|
Coordonnées | |
Opérateur | |
Mise en service |
modifier - modifier le code - modifier Wikidata
Ce site abrite plusieurs installations :
Le site est, entre autres, exploité par le British Nuclear Group (la branche démantèlement de British Nuclear Fuels, BNFL).
Les deux premières usines sur le site furent construites en 1940 pour fabriquer des explosifs, avant que le site ne soit choisi comme site de production nucléaire en 1947. Le site a été choisi pour fournir la matière première des armes nucléaires britanniques, le plutonium. Il commence avec la construction de B204 en 1947, puis B205 en 1964.
Au fil des ans, d'autres usines viendront s'y ajouter, comme les piles Windscale pour la production de plutonium d'usage militaire en 1952, une centrale de 200 MW en 1956, des surfaces de stockage pour les déchets radioactifs qui s'accumulent, etc.
Le nom des unités de Sellafield sont officiellement nommées suivant la concaténation de la lettre B et d'un numéro[3].
Le WAGR est un prototype à échelle réduite de réacteur AGR d’une puissance de 32 MWe net. Sa construction est terminée en 1962, il est arrêté définitivement en 1981[4], et démantelé en 2011[5]. Sa forme sphérique en faisait un des bâtiments les plus identifiables du site de Windscale[6].
L'expérimentation du premier chargement de combustible dans les piles Windscale a eu lieu en juillet 1950, ce chargement été traité par B204 à partir de juillet 1952 pour en séparer le plutonium de l'uranium.
Contrairement aux premiers réacteurs américains d'Hanford modérés au graphite et refroidis par eau, les piles Windscale sont faites d'un cœur d'uranium métallique modéré au graphite et refroidi par air. Chaque réacteur contient pratiquement 2 000 tonnes de graphite.
Un incendie en 1957 entraîne leur fermeture.
Calder Hall est la plus ancienne centrale nucléaire de production d'électricité dans le monde. Elle est équipée de 4 réacteurs Magnox chacun ayant une capacité de production de 50 MW. Elle a été définitivement arrêtée en [7].
Cette grande piscine ouverte de stockage de combustible Magnox irradié est connue pour son mauvais état. Elle fait environ 20 m de large, 150 m de long et 6 m de profondeur. Des oiseaux viennent se poser à sa surface, emportant avec eux un peu de sa radioactivité. Elle a été utilisée de 1960 à 1986[8]. Un mur de confinement est prévu afin de limiter les conséquences d'une rupture du bassin en cas de tremblement de terre. Elle doit être vidée de ses déchets et démantelée dans les années à venir.
Il est impossible de déterminer avec précision les quantités de matières stockées, les algues se développant dans l'eau rendant très difficile le contrôle visuel du bassin. Les autorités britanniques n'ont pas pu fournir de comptabilisation précise aux inspecteurs d'Euratom. La Commission européenne a poursuivi en conséquence la Grande-Bretagne devant la Cour européenne de justice[9],[10]. Il y aurait environ 1,3 tonne de plutonium, dont 400 kg sous forme de boue au fond[11].
Elle contiendrait également des déchets en provenance de la centrale nucléaire japonaise Tokai Mura[12].
Cette unité est la plus grande préoccupation de l'Autorité britannique de démantèlement nucléaire en Grande-Bretagne, en raison de son très important niveau de radiation. Les radiations sont tellement importantes par endroits qu'il n'est pas possible pour une personne d'y rester plus de deux minutes, d'où la difficulté de son démantèlement ou de son contrôle. Le bassin n'est même pas étanche, le temps fissurant le béton et le froid le contractant, permettant à l'eau radioactive de s'échapper. Ce qui lui vaut le surnom de Dirty thirty, "sale trente" en anglais[3].
C'est dans cette unité qu'a été mis en place un centre d'accueil des visiteurs.
Ce centre permet d'assister à des expositions interactives, à des démonstrations scientifiques et à des films en immersion. Il a aussi été équipé par le Science Museum (Musée de la Science) de Londres sur le thème des sources d'énergie qui seront disponibles au XXIe siècle.
Cette usine de traitement du combustible usé militaire fut construite pour extraire le plutonium du combustible irradié en vue de construire des armes nucléaires. Elle a été exploitée entre 1951 et 1964 pour une capacité de traitement annuelle de 300 tonnes de combustible. Après la mise en place de B205, B204 était utilisée comme usine de préparation du combustible à traiter dans ce nouveau réacteur, avant d'être fermée en 1973.
Construit en 1964 pour prendre la relève de B204, il est d'abord utilisé pour traiter les barres d'uranium métallique irradiées issues des centrales graphite-gaz et ainsi réutiliser l'uranium dans les centrales Magnox. À partir de 1969, il sera fait de même sur les barres d'oxyde d'uranium irradiées issues des centrales PWR anglaises et des centrales étrangères.
Pour ce faire, un procédé nommé PUREX (plutonium uranium extraction) utilise entre autres de l'acide nitrique et un solvant, le TBP (tributyl-phosphate).
Constituée de 21 réservoirs qui contiennent des déchets de haute activité sous forme liquide. Ces déchets fortement radioactifs dégagent de la chaleur et doivent donc être refroidis en permanence, sous peine d'ébullition et de contamination atmosphérique[13].
Thorp, pour Thermal Oxide Reprocessing Plant, est une usine de traitement de combustible nucléaire irradié. Construite entre 1978 et 1994 puis mise en service en août 1997.
Elle est conçue pour traiter les combustibles britanniques mais aussi étrangers. Le procédé choisi n'est pas le même que pour B205.
Elle a été fermée d' à à la suite de l'accident de 2005.
Elle sera fermée en 2018 après le solde des contrats en cours, puis démantelée[14].
Le complexe de Windscale/Sellafield a été le lieu de plusieurs accidents nucléaires, notamment en 1957 et en . Il est considéré comme le site le plus radioactif d'Europe occidentale[réf. nécessaire].
L'accident se produit dans la pile Nº1. Lors d'une opération d'entretien du graphite, un incendie nucléaire se produit et dure plusieurs jours[15], pendant lesquels des produits de fission, essentiellement 740 téra-becquerels (740 000 milliards de becquerels) d'iode 131, sont rejetés à l'extérieur. Le nuage radioactif parcourt ensuite l'Angleterre, porté par les vents, puis touche le continent sans que la population soit avertie. L'accident de Windscale se classe au niveau 5 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES). Voir Liste des accidents sur des unités de production de plutonium.
Après cet accident, Windscale est débaptisé et devient Sellafield.
Sur les autres projets Wikimedia :
Le , 83 000 litres de matière radioactive furent découverts dans une pièce en béton armé (conçue afin de recueillir les fuites) à l’usine de traitement de Thorp à la suite d'une fuite dans une canalisation. La quantité de plutonium libérée, 200 kg, aurait pu suffire pour déclencher un accident de criticité, même si l'enquête estime que la concentration était insuffisante pour cela[16].
L'enquête a montré que la fuite n'avait été formellement détectée qu'au bout de 8 mois[17] :
L'usine THORP a été fermée jusqu'en où l'une des cuves a été remise en service, avec des recommandations de l'autorité de sûreté. Un rapport de 28 pages a été publié et mis en ligne[18], concluant l'enquête demandée par l'autorité de sureté britannique (HSE/ND[19]). Les gestionnaires responsables ont été sanctionnés. Un audit interne a été fait par l'entreprise BNFL qui a plaidé coupable lors de son procès et a dû payer trois amendes imposées le par la cour royale de Carlisle, pour non-respect de trois autorisations concernant respectivement la « sûreté, les mécanismes, appareils et circuits », les « instructions opératoires » et les « fuites et pertes de matériaux radioactifs ou de déchets radioactifs » (soit au total 500 000 £ d'amendes plus environ 68 000 £ de procédures).
Quelque 19 tonnes d’uranium et 160 kilogrammes de plutonium (sur 200 kg selon l'IRSN) dissous dans de l’acide nitrique ont été pompés du puisard dans un réservoir hors de l’usine désormais fermée de Thorp. Les niveaux de radiation dans le réservoir empêchent toute entrée d’humains et la réparation de la fuite par un robot serait trop difficile. Les responsables envisagent un détournement afin d’éviter le réservoir pour continuer l’exploitation. Selon l’exploitant le niveau de criticité n'aurait pas pu être atteint durant le temps où la solution a été présente au fond du bâtiment abritant les cuves.
Selon les experts français de l'IRSN, il semble qu’un « excès de confiance dans la conception de l’usine et qu’une culture de sûreté insuffisante soient à l’origine de ces défaillances ». Ils ont classé cet accident au « niveau 3 » de l'échelle INES. Côté français, à la suite de ce retour d'expérience et de deux « pertes d'étanchéité » survenues en 1997 dans l'ex-usine UP2-400 et en 2001 dans son usine UP2-800, AREVA a dû mettre à jour les procédures de sécurité de ses usines de La Hague (usines UP3 et UP2-800). En particulier des contrôles visuels périodiques seront réalisés pour parer au risque des fuites de matière radioactive pulvérulente ou liquide, et susceptible de cristalliser ou de s'évaporer en raison d'une forte ventilation, d'une paroi, d'un substrat chaud ou d'une surface d’étalement assez vaste, car ces types de fuites ne sont pas nécessairement détectées par les systèmes situés en fond de lèchefrite ou de puisard. En , l'IRSN a précisé que des moyens de surveillance vidéo et des appareils de mesure neutronique ont été ajoutés au dispositif existant.
L'accident est passé quasiment inaperçu dans la presse à l'époque, et a causé des pertes financières très importantes[20].